Katiba ou Antikatiba? Controverse autour de la réforme du grand mariage
à Mitsamouli
Depuis près de quatre ans, la ville de Mitsamiouli connaît la crise la plus grave et la plus longue de son histoire. Cette crise résulte de la réforme du grand mariage et de la guerre acharnée que se livrent partisans et opposants du Katiba .
Ville en déclin et en déclassement, Mitsamiouli n'a pas su s'acclimater aux profondes mutations sociétales, culturelles, politiques et administratives des Comores post -indépendantes.
Son horloge paraît bloqué. Mitsamiouli vit encore sous les heures glorieuses de l'autonomie interne et du règne d'Ahmed Abdallah.
La démocratisation de l'enseignement, accompagnée de la formation des cadres et des élites politiques et administratives dans les régions et villages environnants lui ont ôté sa suprématie, son arrogance et sa suffisance.
Ancienne sous- préfecture sous l'autonomie interne, érigée en Préfecture régionale, cette ville a perdu son aura et sa superbe et se retrouve réduite en une simple commune et chef lieu de canton.
Mitsamiouli manque de leadership politique, de notables enturbannés de stature nationale incontestable, de cadres administratifs à très grande valeur ajoutée indéniable, de réseaux intellectuels, culturels et sociaux dynamiques pour peser dans les arènes de la vie publique, traditionnelle , culturelle et religieuse de notre pays.
Cette ville manque cruellement d'imagination, d'audace et de dynamisme. Elle se recroqueville, se regarde de façon narcissique dans une glace floutée et se croit encore dans les années soixante.
Pourtant les " Pour le moment" (dénomination péjorative collée à l'élite et aux évolués) presque septuagénaires aujourd’hui l'avaient hissée au cours des années 70 au sommet des villes comoriennes les plus évoluées, dynamiques et entreprenantes. Ils assistent impuissamment à sa dégringolade et participent même à la guerre des clans qui la minent.
Cette génération inventive des années 60 et 70 avait su rassembler une grande partie de la jeunesse dans la fédération des associations des jeunes de Mitsamiouli, la FAJM.
Elle avait bousculé les mentalités et traditions en dotant sa jeunesse d'un lieu de sociabilité que fut le Foyer de la FAJM. Un espace culturel mixte, où jeunes et moins jeunes, toutes catégories socio- professionnelles confondues avaient leur place.
Une mini révolution culturelle, car des Kilabus, il y en eut à Moroni et à Mitsamiouli dans les années 60. Mais ce genre d'espace culturel fut inédit et sans égal pour l'époque.
Cette même génération incarnait la nouveauté en politique et figurait parmi l'élite dirigeante des formations politiques en gestation, que ce soit au sein du parti dominant " les Verts », l'Unité ou Udzima plus tard pour certains ou dans l'opposition " Blancs " RDPC, Mranda, Pasoco et le Molinaco.
Elle avait toujours sa place dans les gouvernements successifs et les postes de direction des grandes administrations depuis l'autonomie interne jusqu'au début des années 90 .
C'était l'époque faste où Mitsamiouli brillait et se distinguait dans le domaine de la musique, de la chanson, du sport, du théâtre et de la culture en général. Une époque révolue et lointaine, que les quinqua et quadra n'ont pas réussi à perpétuer ni renouveler.
La tentative avortée de la création de l'ADCS illustre le cuisant échec des générations suivantes et explique partiellement le retour aux querelles intestines d'antan opposant les quartiers.
La faillite morale et intellectuelle des " 'élites " de cette ville constitue une des causes majeures de cette crise. Dans ce désert (la ville s'endort, s'encroûte et végète dans le délabrement) prospèrent les nouveaux parvenus à la sommité du Yanda na Mila.
Aujourd’hui Mitsamiouli honore et vénère " Wafaumé wa mdji", seuls habilités à penser et à décider de l'avenir et du développement de cette ville.
L'intelligence, la créativité, l'inventivité, les compétences, le dévouement et le désintéressement sont relégués au rang des accessoires. Cette ville se fait peur et craint la modernité.
Elle est devenue la gardienne des traditions, des shémas de pensées et d'organisation traditionnels, une ville conservatrice et un peu ringarde.
La guerre du " califat" entendez de leadership engagée depuis l'année 2000 illustre l'emprise de cette vague néo - conservatrice et rétrograde. Les prétendants au "trône" sont légions. Mais aucun ne se distingue et ne parvient à s'imposer dans son fief (le quartier) pour pouvoir étendre sa suprématie dans l'ensemble de la ville.
Est ce un hasard, si Mitsamiouli demeure l'unique ville de grande importance par sa taille démographique à ne pas se doter de structure communale, moderne et démocratique?
Les subdvisions classiques et traditionnelles de la ville en trois quartiers semblent satisfaire à certains notables qui oublient que nous sommes de plain pied au XXI ème siècle et que la sociologie, la démographie et les structures socio-économiques du village d'antan ont radicalement changé.
Mitsamiouli n'est plus ce qu'elle était. Ce petit village côtier aux trois quartiers faussement clivés sociologiquement. Les enfants du cultivateur, du pêcheur sont devenus des médecins, des enseignants, des cadres, des érudits religieux, preuve tangible de l'évolution opérée ces dernières années.
Malgré cela, on entend encore dire que le " quartier des seigneurs " semble revenir, selon certains nostalgiques d'un temps révolu, à celui du centre ville, Miréréni , où se trouvent concentrés le vieillissant bureau de poste, la préfecture en ruine, la mosquée du Vendredi, le marché et ce " Badamier, » Mhandadjou" , superbe lieu de rassemblement de toute une ville.
"Ces seigneurs " des temps modernes veulent renvoyer les pêcheurs du quartier Djao au temps anciens, les enfermer dans les Iko, à l'entrée sud de la ville et leur interdire l'accès dans le " Saint des Saints ". Autrement dit " retournez vers l'activité de la pêche et ne vous mêlez pas des affaires de la cité".
Quant aux Bouma du quartier Mtsongolé jadis des "bouviers" Mafunga Mbuzi na Mbé" "la race des seigneurs " les somme de rester à leur juste place, confinés dans les quartiers nord de la ville. La gestion des affaires politiques et administratives est trop sérieuse pour les confier à des gens aussi peu évolués.
Seuls Wowana Miréré (premier médecin, premier président, des intellos....) possèderaient et réuniraient les capacités pour "gouverner" cette ville.
Qui peut croire en de telles abbérations qui frisent la bassesse intellectuelle et la pauvreté du débat nécessaire et indispensable? Des inepties véhiculées et partagées car non dénoncées par nos élites.
Mais la belle unanimité de façade affichée dans chacun des quartiers dissimule fort mal les rudes batailles internes opposant des clans familiaux prétendant tous à la prééminence et au statut de principal chef de......
Au nom de leurs aieux, ils vocifèrent et déclarent à qui veut les entendre que leurs arrières grands parents, oncles, frères, soeurs et tantes ont accompli leur " Yanda na Mila " dans la totalité et réclament obéissance et résignation. Là réside le noeud du grand mal qui ronge Mitsamiouli.
De mémoire de nos anciens, Mitsamiouli n'a jamais été aussi déchirée, réduite en lambeaux et si ridicule qu'elle ne l'est aujourd’hui, même du temps du " Yamini né Shimali ou des Blancs et des Verts".
Cette réforme du mariage ( Katiba ou Antikatiba) initiée et prônée dans les années 60 par le Dr Said Mohamed Cheick , aurait pu recueillir l'adhésion de l'immense majorité de la population et inscrire ainsi notre localité dans l'histoire des régions les plus modernes et les plus réformatrices du pays.
Elle aurait pu compléter celle des années 60 et 90 si elle était pensée, réfléchie et conduite de façon intelligente, transparente et démocratique. Ses promoteurs ont oublié qu'il s'agissait d'une réforme, non d'une révolution ou d'un putsch qu'une minorité impose par ukase à l'immense majorité.
Au lieu de convaincre, d'user de la persuasion et de la pédagogie, donner du temps au temps, les signataires et représentants de Mtsongolé Djadid, Amin Djadid, Djadid El Watoini et Amini Vert ont décidé de mettre en oeuvre le Katiba à compter du 11 septembre 2005. A prendre ou à laisser...
Au lieu de rassembler, la réforme a produit un effet dévastateur en ravivant les divisions et les haines. Un gâchis énorme.
Quelles en sont les causes? et pour quelles conséquences? telles sont les interrogations qui méritent d'être soulevées, débattues et auxquelles nous devons collectivement apporter des réponses.
Préalablement à l'examen de ces questions, il paraît essentiel de revisiter la chronologie des événements qui ont marqué (1) l'histoire de la réforme du mariage traditionnel à Mitsamiouli au cours de ces quarante dernières années et celle qui fait (2) débat aujourdh'ui, la dénommée "Katiba".
I) La réforme du Grand mariage à Mitsamiouli des années 60 à ce jour.
Vers la première moitié de la décennie 60, Said Mohamed Cheick, président du conseil du gouvernement des Comores, souhaitait apporter une dose de modernisme et lutter contre les dépenses ostentatoires occasionnées par le Yanda na Mila.
Une démarche réformatrice inédite et de grande envergure qui exigeait beaucoup de persuasion, de doigté et de pragmatisme. Car, réformer le grand mariage semblait une cause perdue. C'était attenter aux privilèges et aux soubassements de la société grand comorienne fondée sur la soumission des règles établies selon les hiérarchies sociales du Yanda na Mila.
C'était écorner le pouvoir écrasant des enturbannés qui occupent les premiers rangs dans les Bangwé, les mosquées et tous les hauts lieux de sociabilité.
C'était aussi une façon d'introduire une dose de démocratie permettant aux plus humbles de se frayer une place dans une société très clivée et complexe où Yémnamdji n'a pas droit à l'expression publique et ne peut en aucun cas participer aux prises des décisions qui engagent la communauté entière.
Mais c'était aussi et surtout une lutte à caractère économique. La réduction des dépenses devrait selon le promoteur de cette initiative, permettre aux paysans, artisans, pêcheurs, de consacrer les revenus tirés de la récolte de la vanille, de la pêche et du fruit de leur besogne à l'éducation de leur progéniture et à l'amélioration de l'habitat.
Le président SMC, enfant du pays, connaissait les pesanteurs et les résistances de la notabilité grand comorienne, son électorat traditionnel et fidèle.
Raison pour laquelle, il choisit l'expérimentation de cette réforme dans sa localité. Aussitôt lancée, l'idée de réformer le mariage traditionnel recueillit l'adhésion enthousiaste de la jeunesse qui composa la célèbre chanson " Mitsamiouli riwafiki" interprétée par l'orchestre "Amini Zamani".
On comprend la profondeur du message qu'entendait faire passer le président Mohamed Cheikh en relisant et réécoutant les paroles de cette chanson engagée. Une belle et originale opération de communication.
"Sirili amini, wusafihi wapessa karina wufanya tsena, yé yada yahatru, riwundé madjumba namatomobili yaho wanatru".
Tout un programme, un projet sociétal encore d'actualité et qui mérite d'être remis en chantier.
Mitsamiouli s'est empressée de mettre en oeuvre cet ambitieux projet et non sans résistance. L'abatage des boeufs ( Mbé Zakaramu), Yéné, Upvéha Zindru, Meza et tant d'autres ont été interdits et abandonnés. Mais le décès prématuré du président du conseil a laissé ce chantier inabouti.
Vingt années plus tard, suite aux enchères du grand mariage où les millions coulaient à flots, les bijoux et pièces d'or en grande quantité, le débat ressurgit. Un accord fut trouvé entre les principales structures qui composent Yémidji ya yada, introduisant la seconde réforme du grand mariage, sorte d'An II, du Yanda na Mila.
Les dispositions de cette seconde réforme portaient essentiellement sur la restriction et la limitation du " Djelewo" qui passe de plus de 7 à 8 millions de FC à 4 millions, l'interdiction et le bannissement formel des sachets remplis de biscuits , gâteaux et boissons diverses lors de la grande cérémonie relieugiso - traditionnelle du Madjlis , du hishima yahé toirabou du samedi au grand bonheur de tout le monde et de l'encadrement et la limitation des convives au festin du grand dîner ( 350 couverts au lieu des 700 habituels).
Ces réformes, certes limitées et imparfaites, mal appliquées et souvent détournées, avaient obtenu l'assentiment de l'immense majorité de la population jusqu'à la récente réforme controversée du " Katiba".
2) Le " Katiba" Débats et controverses autour d'une réforme.
De quoi s'git-il? qui sont les acteurs et protagonistes de cette réforme qui sème la haine, les rancoeurs et les divisions? Pour qui est il destiné et pour quels motifs? Comment fut il pensé et conçu? Quelles furent les procédures de son adoption et quelle adhésion a t-elle recueillie auprès des femmes et des hommes concernés par ce projet sociétal?
Les réponses à ces interrogations devraient naturellement déboucher sur des conclusions claires et précises de sortie de crise, préconisant une solution pérenne: la réconciliation et l'avenir de Mitsamiouli
Pour permettre à tout un chacun de s'approprier les fondements de cette réforme controversée, de l'analyser et se faire son opinion, une présentation condensée du document s'impose.
Le "Katiba" est un document de trois pages intitulé " Réformes pour les funérailles et le grand mariage à Mitsamiouli".
Il est paraphé en 2005 par les représentants des "Midji Ya anda" suivants:
Hamdi MOHAMED ( Mtsongolé Djadid), Mohamed CADI ( Amini Djadid), Youssouf SALIM ( Djadid El Watoini) et Djawabou ( Amini Vert).
Aucune date ni exposé des motifs n'apparaissent dans ce document.. Juste un catalogue des mesures et des dispositions préconisés qui s'articulent autour de ces principaux points:
Mwafaka: les fiançailles doivent rester entre les deux familles. Pas de festin pour la circonstance ni des bijoux.
Mdhoihirisho: Kapvatsi mdhoihirisho , autrement dit , c'est interdit. Les jeunes peuvent se marier, payer la dot, s'installer jusqu'au jour où ils réuniront les conditions de faire le grand mariage.
Madjilissi: 30 pawounis, Pambo 300 000 fc, Ziguéléguélé 100 000fc. Kapvatsi Vao, autrement dit, il est strictement interdit d'envoyer des tenues vestimentaires ( costumes, Nkandou, chaussures etc...)
La préparation du Halouwa doit rester entre les familles et les voisins.
Djéléwo: 4 millions dont 60% au profit du "Mdji" du marié et 40% destinés aux Ziléwo, Mahoho et le ou les foyers.
Hirimou na mbé ya wufoma mdji ne sont pas inclus dans ces quatre millions de francs.
Mlazo mwana: 60 convives parmi wowana mdji.
Vao: 1 djoho ou draguila , 3 bouchtis, 5 costumes et les autres articles sont limités à 7. Nkaroi ya mdji ( 200 000fc) Fatiha ( 100 000fc) Wo Warwaya ( 25 000fc).
Hishima et Doumbousso: Kazitsi ( bannis)
Utradahoni : La préparration du " gâteau" Mkatré devrait se faire au sein de la famille et des proches. Yé Ndola ( les dépenses globales du côté de l'époux) est plafonné à un maximum de 7 millions de fc. Yékesso (100 000fc) Izimataya ( 100 000fc). Yé dhahabou n'est pas limité mais 70 pawounis sont préconisés.Nkarwa yahé dhahabou ( 200 000fc) et Nkaroi yawadrwaoumé ( 200 000fc).
Mdroho wahé Mwana: Kapvatsi tshayi ( le copieux petit déjeuner est interdit), la famille du marié estt autorisée à donner 100 000fc et celle de l'épouse 50 000fc.
Ukoumbi: L'imposante cérémonie des femmes ( Oukoumbi) se fera une fois. Kapvatsi mdrowoho wapvili. L'accoutrement lors de cette cérémonie doit respecter les us et coutumes.
Ce document conclut " les pratiques ou procédures non mentionnées dans cette réforme sont interdites. Les personnes issues des groupes traditionnels signataires de cette réforme qui ne respectent pas ces mesures seront sévèrement sanctionnées. Une commission sera proposée pour assurer la mise en application et le bon fonctionnement de cette réforme. Il précise que la réforme prend effet à compter du 11 septembre 2005".
Difficile de confronter cette réforme avec le projet de ces détracteurs, partisans du statu quo. Ces derniers ne disposent d'aucun document écrit. Mais leurs pratiques et usages démontrent qu'ils sont farouchement attachés au " Dîner", aux sachets lors du" Madjliss", à la non limitation de "la garde robe" "Vao" de l'époux et largement favorables aux dépenses inconsidérées.
"Yada Truru, na Hassara". Ceux qui les regardent de haut, les traitent de "Wadjinga" alors qu'ils sont des véritables partisans de l'orthodoxie du Yanda na Mila.
Où se situent donc les principaux points de divergences à l'origine de ce clivage et de cette querelle qui empoisonnent la vie de toute une communauté?
Certains font accroire que la réforme est essentiellement portée et soutenue par les structures traditionnelles des Midji Ya Anda du quartier Miréréni, symboles de la novation et de la modernité.
Un sentiment que ces dernières ont fort bien entretenu et conforté. Mais la réalité est tout autre. L'état des forces en présence démontre que les choses sont beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît.
Le camp du" Katiba" constitue un conglomérat hétéroclite de femmes et d'hommes des quartiers " Miréréni" et "Mtsongolé" soutenus par une infime minorité du quartier "Djao".
De surcroît, la querelle dépasse les clivages politiques. On y trouvait à l'origine, des proches de l'ancien président Azali, des partisans d'Elbak et du Dr Mtara Maésha dans le camp des " réformateurs"(1).
Ce clivage que l'on pourrait caractériser de "transquartiers " et d'apolitique se révèle plus complexe. Les quartiers ne sont pas tous logés à la même enseigne. L'immense majorité du quartier Miréréni est favorable au "Katiba" alors que les ressortissants du quartier Djao semblent plutôt hostiles.
Toutefois dans ces quartiers, les scissions et les divisions sont moins marquées et affectent peu les familles.
En revanche, dans le quartier Mtsongolé, les débats font rage et les affrontements beaucoup plus tendus et aiguisés.
Est ce le signe d'une vitalité démocratique ou l'absence de chefs charismatiques capables d'entraîner tout un quartier ?
A l'évidence, les têtes bien pensantes de chaque quartier qui auraient pu alimenter et nourrir le débat, l'orienter et influer sur les principales réformes ont préféré prendre le parti de leurs parents, oncles et beaux frères . Ils renient ainsi leurs principes et leurs convictions de peur de se brouiller avec leurs proches.
En ne prenant pas clairement position sur ce sujet crucial, les cadres de cette ville endossent une immense part de responsabilité.
Et pourtant, il appartient à chacun de se prononcer sur le sujet sur la base du document écrit. Il s'agit, d'un côté comme de l'autre, d'oser regarder de façon sereine et responsable les points de convergences sur lesquels "Katiba et Antikatiba" peuvent se retrouver et d'identifier les divergences fondamentales qui les séparent.
Tout le monde s'accorde à reconnaître que les principales clauses prévues par la réforme sont piétinées à chaque événement, excepté la suppression du " dîner".
On entend souvent dire que " Pvona mdru, namdru". Il est vrai que les partisans du " katiba" ne sont pas tous" égaux " devant cette réforme : "écoutez et exécutez ce que je prône, mais ne regardez pas ce que je fais". Voilà en substance l'argument développé par les leaders de la réforme lorsqu'ils organisent les mariages de leurs plus proches.
Selon que vous êtes, humbles, de bonnes familles, hauts dignitaires et proches du pouvoir en place, la lecture et l'interprétation des clauses du "Katiba" semblent différentes.
Aux plus humbles partisans de la réforme, les responsables se montrent exigeants et intransigeants pendant que l'on n'ose lever le petit doigt pour admonester les familles les plus en vue qui transgressent les règles, au vu et au su de tout le monde.
Les entorses sont nombreuses et alimentent le discrédit de cette réforme.
Il suffit de revenir sur les Midhoihirisho, Posso, Madjliss et Mdjodahoni de ces derniers mois pour se rendre à l'évidence qu'il y a eu " duperie et manipulation " par les deux parties en présence.
Duperie car les partisans du " Katiba" n'ont jamais précisé ni motivé aussi clairement le bien fondé de cette réforme. Aucune raison économique et financière n'est étonnamment mise en exergue dans l'argumentaire des partisans de ladite réforme.
Aucune opération de communication et de pédagogie n'est employée à destination des familles modestes pour les inciter à une prise de conscience collective et les inviter à investir sur l'éducation des enfants, la santé ou des projets d’avenir.
Trois années après la mise oeuvre de cette réforme, les économies induites et les progrès enregistrés sur le plan économique et social paraissent maigres.
Au contraire, les dépenses ont explosé et de nouvelles formules apparaissent( Posso, Mbayinicho etc...) nécessitant encore davantage d'argents .
La mascarade du "Djelewo"(publiquement annoncé à quatre millions) atteint près de 6 millions si on inclut les dépenses transférées sur une " autre ligne budgétaire" pour reprendre un terme technique, autrement dit " autres dépenses de type "XXXXX" reportées au dimanche suivant le Djelewo.
Les modernistes et farouches partisans de la réforme n'ont pas pensé à un prélèvement forfaitaire en faveur de véritables projets de développements de la ville.
Certes, " Lé Sandoukou la Mdji", les Foyers, les Mosquées et Zawiya continuent à bénéficier des ristournes du Djéléwo, à hauteur des quelques centaines de milliers de francs comoriens.
Mais cette pratique date depuis plusieurs années et ne revêt aucune originalité. Elle a révélé son inefficacité et ses limites. D'autant plus que les deux camps en conflit y semblent favorables et très attachés et l'appliquent.
Il aurait été plus original voire même plus révolutionnaire si " les modernistes et partisans" du Katiba décidaient de consacrer un pourcentage fort conséquent des 4 millions du djéléwo dans des projets de réhabilitation de nos écoles en ruine, de l'hôpital etc...que de se partager cette rente viagère que les plus humbles des enturbannés dénomment à tort ou à raison leur " retraite ou pension".
Force est de reconnaître qu'il serait difficile de les priver de cette rente qui nourrit les espoirs des laissés pour compte de cette société et dont le seul revenu substantiel et conséquent provient du Yanda na Mila pendant la période estivale.
Au niveau du " Vao" la garde robe de l'époux, les quelques articles présentés publiquement dissimulent fort mal ce que les familles mettent dans les valises bien rembourrées et discrètement destinées à la famille du marié.
Les notables fraichement mariés, version Katiba, disposent tous de leur tenue d'apparat (Draguila , Djouba Ndjewou et Djouba Ndzidou) pourtant limitée à un seul par le "Katiba" pour cette tenue vestimentaire.
Loin du modernisme tant vanté, les réformateurs usent les vieilles recettes du passé lorsqu'il s'agit de sanctionner leurs partisans (les plus humbles bien sur) qui enfreignent les règles du Katiba.
Ils préconisent le bannissement ( Wulapwamdji), cette ultime et sévère sanction qui remonte à la nuit des temps. Une pratique injuste, inéfficace et antidémocratique qui révèle le caractère moyennâgeux et rétrograde de cette réforme.
Pire, certains rassemblements festifs comme le Madjlis, Twarab, dîner et autres sont désertés par les partisans du camp adverse au prétexte que l'on est Katiba ou Antikatiba.
Les représentations extérieures de la notabilté Mitsamioulienne sont régies selon l'appartenance à un des camps en présence et au mieux par deux délégations distinctes. Le ridicule ne tue pas dit l'adage.
Dans le camp des orthodoxes ou des "Antikatiba" le mélange des genres est de mise se trouvent coalisés des intérêts divergents, rassemblant la quasi totalité des familles du quartier "Djao" et l'autre moitié de la population du quartier " Mtsongolé".
Y aurait - il là une coalition d'opposition à l'arrogance supposée ou réelle du quartier des seigneurs? ou une volonté d'émancipation de ceux qui se croient ou se sentent à tort ou à raison méprisés?
A y regarder de près, la querelle dépasse ce clivage et s'inscrit dans un tout autre registre: la lutte pour le leadership de la ville de Mitsamiouli.
Nos traditionnalistes pratiquent la politique de la terre brûlée et conduisent inexorablement des familles entières, pauvres et moyennes dans des dépenses ostentatoires et les livrent à des situations inédites.
On assiste depuis quelques années à cette nouvelle forme de "Yanda Yandrabo" où des millions de nos francs sont annoncés publiquement et mis dans des "enveloppes vides ".
Ces mariages engendrent des drames dans les familles étranglées par les emprunts auprès de particuliers ou des MECK qui les somment le lendemain de rembourser. Dans cette course à la folie et à la mégalomanie , des familles entières laissent des plumes et se trouvent ruinées et humiliées.
N'est - on pas en droit de nous interroger sur la reconnaissance et la validité du ticket d'entrée dans le "saint des saints " de ces notables et "Wafaoumé wamdji" qui ont usé de cette tromperie? Dans la tradition, on devenait " Mfawoumé Wamdji" souvent très tardivement pour recevoir les insignes de l'honorariat, du prestige et du respect
Le port du "Mharouma, du djouba et Draguila" sont les signes distinctifs et de reconnaissance du notable.
Aujourd’hui le discrédit, la suspicion et le déshonneur (beaucoup sont la risée de tout le monde) entachent certains mariages. La conséquence de cette folie qui atteint nos concitoyens.
A trop vouloir l'égalité et imposer à tout le monde "la formule unique du mariage", on a produit cette dérive condamnable.
Quoi que l'on soit , pauvres ou riches, instruits ou ignorants, l'accession à la notabilité passe par cette phase qui n'est pas réformable. C'est le crédo des orthodoxes du mariage qui refusent obstinément que certains déterminent à leur place ce qu'ils doivent faire en la matière, de peur que les mêmes viennent le surlendemain sous le badamier leur reprocher d'être des " sous notable".
Autrement dit, certains parmi les Antikatiba considèrent la réforme comme " la grande braderie" estivale et préfèrent s'embourber dans la galère des frais surdimensionnés quitte à opter pour le mensonge hélas.
Argument facile mais somme toute proche de la réalité. Le propre du grand mariage, ce qui fait sa force et puise son fondement dans la société demeure l'honneur ,(Ufahari et Shéwo) le paraître et m'as tu vu ( Pwaphwa). C'est cette capacité de Pouvoir le moment venu affirmer haut et fort ce que les aieux de la famille ont accompli et étaler "les armes de guerre" sur la place publique ' Bangweni).
Tout ceci doit nous conduire à stopper cette surenchère, cette bataille de leadership, des egos surdimensionnés qui rendent cette réforme ingurgitable et exacerbent les haines.
Les esprits doivent se calmer. Et comme personne ne veut perdre la face dans cette histoire, il revient à ceux qui sont distanciés de ces querelles de se placer au dessus de la mêlée et d'imposer une médiation devenue indispensable, sans laquelle il n'y a pas de sortie de crise.
Ce rôle doit incomber à des femmes et des hommes de bon sens, animés de l'unique ambition de rassembler Mitsamiouli et de déployer toutes les énergies dans une volonté commune et partagée: le réveil et le retour de Mitsamiouli dans le concert de la nation.
Un défi surmontable, à notre portée, si nous nous donnons les moyens de l'affronter.
Bakari MOHAMED
15 Octobre 2009
dimanche 24 janvier 2010
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Je n'ai pas pu m'empêcher de laisser un commentaire après avoir lu votre texte, tellement j'ai eu des éléments de réponses à un certain nombres de questions que je me pose au quotidien, et ce sur la lignée des interrogations douloureuses que vous avez relevées au cours de votre analyse.
RépondreSupprimerConflit de leadership, c'est le thème si non le titre synthétique qui fait le développement de votre réflexion sur le présent de Mitsamiouli.
On entend, peut être moins maintenant, partout où l'on tend l'oreille que Mitsamiouli est une grande ville, civilisée, et solidaire, et solidiaire !!!!
Dès la première fois que j'ai vu le soleil se lever dans cette Ville, j'ai entendu cela, une devise que les Mitsamiouliens se sont faits : " OUSTAANRABOU-MSOMO-OUMOJA ( que l'on peut traduire par : Civilisation-Intellectualisme-Unité).
Aujourd'hui, force est de constater que cela n'est que du passé. Toute l'élite bien pensante de cette ville constitue le point centrifuge des difficultés que nous traversons aujourd'hui.
Bref je ne voulais pas reprendre votre article, mais juste insister sur ces points là ou ce point là, la question de UFAWUME !!
Toutefois, on peut apercevoir une minorité d'hommes qui sont contre les divisions que connait la ville, et j'ai même pu comprendre que vous en faites parti !
C'est ce que je me suis toujours demandé. Que au final, ils sont tous pareils. Ils sont contre, mais ils font la politique de la chaise vide. Les premières victimes de ces querelles de titre et de monarque de tel ou tel quartier sont les jeunes. Sans emplois, sans aucun projet d'avenir, ils sont poussés vers l'avant, manipulés pour mener ces projets.Pourquoi des gens comme vous ne manifestez pas ces désaccords dans un milieu plus large
J'ai oublié de signer le message.
RépondreSupprimerJe m'appelle Idi Papa Claude
il est temps que les mentalités evoluent que ceux qui prétendent appartenir au clan des "seigneurs" qu'ils comprenent que c'est un temps revolu. Mitsamiouli doit profiter de ces personnes ressources(cadres, medecin, ingénieus et j'en passe) pour parler d'un avenir commnun pour notre ville tant jadis brillait par ses talents incontestablement reconnus à l'échelle nationale.Il ne faut pas se voiler la face les idées archaiques et egocentriques de cette catégorie de personne sont les causes majeurs du declin de notre ville.heureusement qu'il ya ait des gens comme vous qui osent denoncer ce genre de comportement qui ne fait que nous diviser et attiser la haine dans les quartiers.
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