La question de l'organisation des mariages traditionnels dans la communauté de Mitsamiouli est un problème réccurent qui ressurgit à chaque fois qu'une famille issue de cette localité a "raté" l'organisation matérielle et protocolaire d'un mariage traditionnel.
Les bonne âmes et les gardiens des traditions de notre région se sentent humiliés, déshonorés et discrédités aux yeux des personnalités du Milanantsi grand-comorienne.
Cet affront public affecte un certain nombre de nos notables qui réclament à cor et à cri leur association à l'organisation de ces mariages pour éviter ainsi des humiliations qui ternissent la réputation de notre ville.
Que nous reproche Yé Ngazidja ou plus précisément la féodalité grand-comorienne? quelles réponses et solutions leur propose t-on pour marquer notre singularité et défendre une approche différente, novatrice et alternative au mariage traditionnel comorien en France?
Yé Milantsi Yahé Ngazidja reproche principalement aux Mitsamiouliens leur ambivalence, leur absence de choix clair et sans ambages entre la modernité du mariage civil et les célébrations traditionnelles qui animent les banlieues des grandes agglomérations françaises durant les week-ends?
Mitsamiouli navigue dans des eaux troubles et n'arrive pas à opérer un choix.Souvent absents de ces cérémonies traditionnelles, nos compatriotes critiquent et pourfendent vigoureusement ces pratiques jugées ostentatoires et inadaptées aux réalités françaises.
Beaucoup considèrent que les sommes faramineuses accompagnées des bijoux, de la garde robe du marié,suivi na Mlazo mwana et de l'incontournable cérémonie féminine du Ukumbi atteignent plusieurs milliers d'euros et relèvent de l'absurdité. Un mariage non reconnu au pays et qui pose problème.
Mais dès lors qu'il s'agit d'un mariage d'une jeune femme ou jeune homme de Mitsamiouli, autrement dit lorsque chacun d'entre nous est concerné et doit marier sa fille, son fils, son frère, neveu ou tout proche, les pourfendeurs des archaismes appliquent les mêmes recettes et recourt inévitablement au mariage traditionnel.
Sauf que nous l'organisons mal et sommes souvent la risée du reste de la communauté comorienne, entendons nous souvent dire.
Cette situation perdure depuis des années et mérite un débat de grande envergure dans l'ensemble de notre communauté. Nous n'y échapperons pas car les événements de ces derniers mois viennent nous remémorer et bousculer nos consciences.
Les Mitsamiouliens de l'hexagone doivent sortir de leur mutisme et participer à une réflexion colective. Nous devons repenser globalement notre approche sur l'organisation du mariage traditionnel en France et tenter d'unifier nos points de vues et notre façon de faire.
La question posée est celle de savoir si nous devons réformer le mariage traditionnel, le simplifier et l'adapter aux contingences de la société dans laquelle nous évoluons et le pays de naissance de notre progéniture? ou opter pour le mariage traditionnel tel qu'il est organisé et pratiqué par l'ensemble de la communauté comorienne expatriée.
Là gît le problème. La question centrale s'articule autour de la place et du rôle de Mitsamiouli dans le système du Milanantsi en France.
Mitsamiouli ne doit pas se recroqueviller ni s'isoler du reste de la notabilité comorienne. Notre présence dans les différentes instances représentatives des régions,des villages et villes des Comores s'avère nécessaire et très utile.
Mais pas à n'importe quelles conditions. Dès lors qu'il s'agira de défendre les intérêts généraux de la communauté comorienne en France auprès des autorités, des institutions françaises et des pouvoirs publics comoriens, réaffirmer notre identité et préserver nos valeurs culturelles, sociales et religieuses dans le respect des principes républicains et laics de ce pays, Mitsamiouli doit répondre présent.
En revanche, nous devons servir d'aiguillon pour bousculer les archaismes et les mentalités rétrogrades et féodales qui freinent l'insertion de notre communauté dans la société française.
De mon point de vue, Mitsamiouli doit bannir toute forme de mariage forcé et se hisser en première ligne pour défendre la cause des jeunes qui assistent passivement à un gâchis annoncé de leur vie de couple par ces mariages arrangés et forcés.
Nous ne devons pas nous voiler la face en persistant à croire que ce gâchis n'affecte que nos amis sénégalais, maliens ou nord africains. On peut comprndre la fiereté de tout parent comorien de voir sa progéniture mariée avec un ou une compatriote au nom de la tradition et de la religion. Certes, mais pas au détriment des jeunes mariés.
La pratique de l'endogamie n'est pas répréhensible à condition de laisser à ces jeunes la possibilité de se choisir et de s'aimer. D'autant plus que l'importance démographique de la jeunesse comorienne en france n'est pas à démontrer et leur laisse plus de choix.
Ces jeunes disposent de relais et de leiux de sociabilités pour se rencontrer, se découvrir et finir par s'aimer et se marier. La foultitude d'associations, les lycées et les établissements supérieurs ainsi que les séjours au pays durant la période estivale constituent à la fois des lieux et des occasions de rencontres.
L'expérience des années 70 et 80 l'a bien trouvé. A l'époque, les étudiants et stagiaires comoriens dispersés dans les différentes académies en france militant ou pas dans l'association des stagiaires et étudiants des Comres, originaires d'îles et de villages différents se côtoyaient, se rencontraient et finissaient par s'épouser sans contrainte.
Un maorais épousait une grande comorienne et un badjinien une fille de la capitale. Cette diversité contribuait à façonner l'appartenance à un pays, à un peuple et brisait timidement le sentiment chauvin et réducteur prédominant.
Une pratique que l'on rencontrait dejà dans les années 50 et 60 à Madagascar et à Zanzibar, premières terres d'immigration comorienne. Elle existe encore ici dans la communauté et fort heureusement.
La nouveauté, c'est le côté " arrangé et matérialiste" de ces mariages depuis le début des années 90. On se marie pour " régulariser une situation juridique" et obtenir des papiers.
Les comoriens "installés" entendez ceux qui ne connaissent pas les souffrances de la la clandestinité et qui de surcroît disposent du sésame de la nationalité française se croient tout permis et imposent leurs règles.
Ils osent frapper à toutes les portes et demander en mariage des jeunes femmes ou des jeunes hommes de milieux, social, économique, intellectuel ou régional différents des leurs.
Le mariage se monnaie. Il a une valeur marchande autre que la dot. Ce que nos jeunes nés ici éprouvent du mal à comprendre et à admettre. Très peu opposent de la résistance de peur de se voir marginaliser ou de froisser des parents attachés aux traditions.
C'est pourquoi les éduacteurs et parents que nous sommes, devons collectivement réfléchir à ces questions et tenter d'apporter un début de réponse en usant la pédagogie et l'éducation pour faire évoluer les mentalités.
Les tabous et les totems doivent être brisés en instaurant et privilégiant quelques règles et principes de base dans la pratique du mariage dans la communauté de Mitsamiouli en France:
1) Encourager les mariages civils célébrés en mairie suivi d'un cocktail, banquet et d'une cérémonie de présentaion de la mariée avant le bal.
2) Inciter les familles à organiser les cérémonies traditionnelles et à les réaliser aux Comores selon les formes actuellement en vigueur la bas: Posso, Mbayinicho, Mdhoihiricho ou carrément le grand mariage.
3) Instaurer un système " Yahumbiza" strictement limité au cercle familial, les mias et les proches des deux familles.
Des règles et principes à enrichir et qui seraient les bienvenus.
Bakari MOHAMED
Le 22 mars 2010
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